Kuroda Shuka enseignement calligraphie japonaise Oshinkan




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Kuroda Shûka

Cet article a été composé à la mémoire de mon maître, Kuroda Shûka. L’enseignement que j’ai reçu de lui pendant les quinze dernières années de son existence pourrait se résumer en un verset : « Une fleur vrille, un sourire » (拈華 微笑).

Kuroda Shûka

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Kuroda Shûka

Premier paradoxe : le calligraphe cultive l’écrit mais privilégie l’oral dans son enseignement. La mention kuden (口伝) en japonais indique que la transmission est exclusivement orale. Mais que faut-il entendre par transmission orale ?

Deuxième paradoxe : malgré le fait que la transmission soit orale, la parole ne détient pas l’exclusivité. Si les mots lui manquent, le calligraphe pourra, par exemple, transmettre son enseignement par le sourire.

Un essai rédigé par Kuroda Shûka nous permettra de saisir ce qui se transmet par le sourire que les mots ne sauraient exprimer.

Il est temps de laisser la parole au sourire.

*

Nenge Misho, 拈華 微笑, « Une fleur vrille, un sourire » (traduction)

J’étais occupé à calligraphier avec le plus grand soin un diplôme, et bien que j’avais pour habitude d’éteindre la télévision pour ce genre de travail, ce jour-là je l’avais laissée allumée avec le son au plus bas.
-« Nenge Misho ».
À peine avais-je entendu ce verset et levé la tête que l’image avait disparue. « Renge Misho ». C’est bien ce que j’avais entendu. Me répétant la formule, j’interrompais mon travail pour consulter quelques dictionnaires, essayant de retrouver ce verset… Sans résultat. Recherche vaine.

Je me remis au travail après avoir rangé les différents dictionnaires. Mais le travail achevé, le verset me revint à l’esprit. Le verset me préoccupait d’autant plus que le sens m’en échappait. Je voulais en savoir plus. Me rappelant soudain que l’on était dimanche, je téléphonais sans plus attendre à un vieil ami.
– C’est « Nenge Misho » et non « Renge Misho », me répondit-il et, impressionné par une telle mémoire, je m’exclamais :
– Merci, merci infiniment !

C’était effectivement « Nenge Misho », et le dictionnaire donnait la définition suivante :
« Lorsque SAKYAMUNI donna l’enseignement à la foule rassemblée sur le mont GÅDHRAKÜTA, il fit vriller en silence une fleur. La foule ne saisit pas le sens de ce geste, seul KÄÇYAPA y répondit par un sourire. En référence à ce fait, le verset signifie transmettre l’esprit ».

Telle la foule rassemblée sur le mont GÅDHRAKÜTA, je n’arrivais pas à me satisfaire d’une telle définition. Je me mis à consulter d’autres dictionnaires. Je tombais sur la définition suivante :
« Nenge Misho, terminologie bouddhiste. Dans l’école du bouddhisme Zen, ce verset est mis en exergue afin d’expliquer que la voie se transmet en dehors des textes et de leur étude. Lorsque le Bouddha fit vriller une fleur devant la foule assemblée, voulant par ce geste transmettre son enseignement, seul KÄÇYAPA comprit et sourit. C’est ainsi que la loi bouddhique lui fut véritablement transmise ».
N’étant pas moi-même spécialiste de ces questions, je sentais bien qu’un sens profond dépassait ma compréhension. Je me mis à réfléchir. Je réfléchis une nuit, deux nuits… le troisième jour au matin je réfléchissais encore. Seul, les yeux clos, je laissais aller mes pensées lorsqu’un sourire vint de lui-même flotter sur mon visage.

Kuroda Shûka, revue mensuelle Sekai Shisô, mars 1985 ; traduction Claire Seika, Pinceau d’avril, 2, juin 2003 (texte légèrement abrégé).

*

Début octobre 1984. J’allais avoir vingt ans lorsque je rencontrai Kuroda Shûka pour la première fois. Avait-il déjà écrit cet essai, devant paraître au mois de mars suivant, ou l’avait-il au bout du pinceau ? Toujours est-il que la rédaction de celui-ci date probablement du moment de cette première rencontre.

Kuroda Shûka y enseigne qu’il est toujours temps de sourire. En effet, le récit autobiographique qu’il nous a laissé n’aurait pas vu le jour s’il avait souri immédiatement en entendant le verset, et s’il ne s’était pas écoulé deux nuits blanches entre le moment où il a entendu le verset et le moment où la compréhension du sens profond de celui-ci fit naître un sourire sur son visage. Ainsi, bien que le verset « Une fleur vrille, un sourire » puisse laisser à penser que le sourire naît sur le visage du disciple avant que la fleur ne touche le sol, on peut imaginer que cette fleur mette un temps infini à tomber et qu’il est toujours temps de sourire…

Cet article est issu du Pinceau d’avril ; Claire Seika, Le Pinceau d’avril, Journal de calligraphie japonaise, numéro 2, juin 2003.

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