Les trésors du lettré enseignement calligraphie japonaise Oshinkan





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Les trésors du lettré

Parmi les objets affectionnés par le poète Bashô se trouve en son pays natal, exposé au deuxième étage du Château de Ueno, un écritoire dit « L’écritoire de Futami », 二見文台, Futami bundai, littéralement « l’écritoire au double regard ». Celui-ci a la forme d’une table tellement petite et basse que l’on pourrait à peine y calligraphier un Haiku. Bashô l’a conçue à double face, le dessus de la table est destiné à la lecture et la face cachée est dédiée à l’écriture. Pour en témoigner, l’écritoire est de nos jours exposé sur un miroir, celui-ci permettant de saisir en un seul regard l’endroit et l’envers des choses telles que Bashô les concevait, et j’imagine comme celui-ci serait étonné de voir son écritoire ainsi posé sur un magnifique miroir du XXe siècle.

Les trésors du lettré

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shodô Claire Seika

Sur le dessus de la table, Bashô a peint un paysage au lavis. On reconnaît la Baie de Futami, située sur la côte près du Sanctuaire d’Ise, avec ses deux rochers, mâle et femelle, liés par une corde tressée. Au premier plan, un éventail sur lequel sont dessinés des pins redouble la scène maritime et évoque l’attente. Sur le dessous de la table, Bashô a calligraphié un poème de sa composition que l’on peut lire inversé dans le miroir.
 
うたがふな Utagafuna « Serait-ce
潮の花も Ushionohanamo De l’écume les fleurs
浦の春 Uranoharu Printemps sur la baie »
 
Conformément à la tradition des « Oreillers de poésie », Utamakura, la calligraphie est précédée de la mention du lieu chanté par le poème, 二見, Futami, pour la Baie de Futami, ce qui a donné le nom à l’écritoire. La calligraphie du poème est suivie de la mention de la date de la composition de ce dernier, soit le milieu du Printemps 1689, 元禄二仲春. À côté de l’écritoire, se trouve exposé le carnet sur lequel Bashô en a fait l’esquisse, donnant ainsi une forme tangible au jeu de mot auquel se prête le nom de la baie, Futami signifiant « double vue » ou « double regard ». La calligraphie du Haiku est désignée dans ce carnet comme une « écriture à l’envers », 裏書, Uragaki. Cette forme d’écriture était pratiquée couramment, soit sur du papier recyclé, lorsqu’on écrivait par souci d’économie sur les deux faces d’une même feuille, soit sur les objets les plus divers, bien que rarement sur l’envers d’un écritoire et avec autant d’humour. Certes, nous sommes loin des trésors conservés au Shôsôin ou des boîtes à encriers de Ogata Kôrin, et les visiteurs du Château de Ueno sont probablement plus attirés par les reflets de l’écritoire dans le miroir et par l’ingéniosité de sa conception que par l’objet même, mais Bashô a dédié celui-ci aux poètes et l’a livré à notre réflexion ; aussi voudrions-nous ajouter « L’écritoire au double regard » à la liste des Trésors du lettré.
 
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Cet article est issu du Pinceau d’avril, Journal de calligraphie japonaise, numéro 8, décembre 2007.
 
Le Pinceau d’avril est la revue publiée par l’Institut de calligraphie de Toulouse.

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